À l’occasion de sa journée de la Paix célébrée le 7 juillet, l’École Soufie Internationale vous invite à découvrir la démarche non-violente comme voie d’un développement humain et durable.
La non-violence est la seule culture de développement applicable à toute société, sans distinction. En effet, la non-violence est la seule réalité tout comme l’eau qui prend la forme du récipient. Tout au long de l’histoire de l’humanité, lors de profonds bouleversements sociaux, culturels, religieux et économiques, le changement n’a été possible que grâce à la non-violence. Les Prophètes, les Sages, ainsi que les Grands Maîtres et les Êtres de Paix ont tous abordé les problèmes de leur temps à travers une approche non-violente. Ayant d’abord incarné l’essence de la non-violence, ils ont ensuite consacré leur vie entière à la mise en place d’un ordre social alternatif qui permettrait à l’humanité de redécouvrir sa splendeur innée.
Pourquoi le 7 juillet ?
En juillet 2005, du 4 au 10, notre école organisait sa première exposition et conférence internationale à Londres, sur le thème, La non-violence, un choix, événement tenu dans le cadre de la décennie de la paix décrétée par les Nations Unies. Rappelons que pendant cette semaine, Londres connut un grand choc quand, au petit matin du 7 juillet 2005, à l’heure de pointe, quatre bombes explosèrent en l’espace d’une heure dans le centre de Londres, touchant trois rames de métro, dont la gare de New Cross, non loin de la salle où se tenait l’exposition sur la non-violence. Cette exposition célébrait la vie des Êtres de Paix qui ont marqué l’humanité par leur approche non-violente.
Dans sa démarche non-violente, l’École Soufie Internationale célèbre donc, chaque année, sa journée de la paix.
L’exemple des Êtres de paix
Les Êtres de Paix ont parcouru la voie de la non-violence afin de trouver des solutions durables aux problèmes humains, sociaux et économiques de leurs nations et de leurs temps. En Inde, Gandhi a invité ses compatriotes à assumer la responsabilité de leur liberté politique et économique à travers une approche non-violente, Ahimsa. En Afrique du Sud, Nelson Mandela a pu mettre fin à des décennies d’apartheid grâce à la non-violence. En Afrique de l’Ouest, Cheikh Ahmadou Bamba, grand maître soufi sénégalais, a proposé un modèle sociétal alternatif basé sur les principes de paix par la non-violence à une époque où le Sénégal était une colonie française.
Comment pouvons-nous devenir des êtres non-violents afin d’être des acteurs du changement dans la société ? Comment pouvons-nous puiser dans les principes de la non-violence pour construire une paix durable dans le monde ?
Un dicton chinois formule un vœu pour l’Humanité : Puissiez-vous vivre à des époques intéressantes. L’époque à laquelle nous vivons fait partie de ces époques intéressantes. Aujourd’hui, en effet, l’humain à l’opportunité de découvrir qu’il est appelé à s’exprimer, non à travers une dualité, non à travers un antagonisme, mais au travers d’une précieuse et riche complémentarité.
Les soixante dernières années furent les années de la dualité à tous les niveaux, étatiques comme individuels. Au niveau des États, on vivait entre deux blocs politiques, entre deux systèmes économiques, dans un monde divisé par le « rideau de fer ».
Aujourd’hui, ces blocs n’ont plus de réalité. Cependant, nous vivons une crise économique née de cette dualité qui faisait croire aux pays riches que, pour continuer à être riches il était nécessaire que d’autres continuent à être pauvres. Or, il est urgent d’imaginer, d’inventer une nouvelle relation, basée cette fois sur nos différences vécues non plus comme des oppositions mais comme des complémentarités. Tel est le message de l’ère nouvelle dont nous portons entre nos mains les prémices.
Ceci exige que nous soyons capables d’entrer de plein pied dans la non-violence, la non-violence plus soucieuse de ses devoirs que de ses droits, plus soucieuse de service que de revanche, capable de tenir un discours qui mette les cœurs au diapason. La non-violence qui soit l’élément fondateur d’une société de paix durable et universelle, la société de l’avenir de l’Homme.
L’École propose un modèle de développement sociétal et économique qui met l’humain au centre, nous permettant ainsi de faire l’expérience de nos différences comme facteurs d’enrichissement. Ceci passe d’abord par une transformation de l’Être, qui permet d’accéder au véritable capital humain qui gît au fond de tout un chacun.
Le retour à la terre : Pour une transformation de l’Être et l’éveil des consciences
Les solutions à tous les problèmes qui touchent à l’être humain résident dans le for intérieur de l’être lui-même. Ainsi toute alternative proposée doit commencer par l’éveil des consciences de l’être humain quant aux potentiels qui dorment en lui. C’est lui faire prendre conscience qu’il est lui-même l’acteur de sa destinée. Cela implique tout un travail sur l’être, visant à sa transformation et un changement de mentalité des gens afin d’éveiller en eux leurs aptitudes à devenir acteurs de leur propre développement.
De ce fait, le véritable travail à faire est celui de la prise de conscience. En effet, dès que la conscience s’éveille, on est capable de comprendre l’organisation de l’ordre social, économique, politique, culturel et cultuel de notre monde. On est alors en mesure de cerner les dysfonctionnements de la société et le conditionnement dans lequel nous évoluons.
La conscience de l’être est un potentiel qui peut se développer tout au long de l’existence et elle s’éveille au fil de ses expériences et sa maturité grandit au fur et à mesure. Ainsi, il est primordial d’accepter les chocs de la vie pour pouvoir vivre l’éveil, sinon l’être demeure dans un sommeil métaphysique. Il n’y a que le choc éveilleur qui permet un changement de regard, d’abord sur soi-même puis sur la société. L’être est ainsi en mesure de voir la réalité en conscience. Ne voyant plus de problèmes mais que des opportunités, il est alors capable de vivre l’expérience de la prise de conscience. Il est prêt à relever tous les défis comme l’ont fait les Êtres de Paix.
Pour certains, cela constitue le plus gros défi dans l’établissement d’une économie alternative. Cependant, pour l’être déconditionné, les défis ne sont que les marches essentielles à gravir vers la réalisation de son idéal de paix et de service. Face aux réseaux de violence il n’y a, pour l’Être de Paix, d’autre alternative que de créer son propre réseau d’équité, de solidarité, de partage et de paix. C’est ainsi que Muhammad Yunus s’est engagé au service de la population bangladaise et a créé la Banque Grameen afin de permettre aux plus démunis de cette société de se prendre en charge.
Dans l’ordre social, l’école forme de bons employés, mais la non-violence forme des êtres de conscience. C’est que la non-violence est clairement la seule qui répond à l’identité que le Seigneur a donné à l’humain en tant que Son représentant sur terre,
Economie, écologie et paix
Vers un modèle de société agraire
Aujourd’hui, la Terre est objet de convoitise pour notre société urbaine et industrielle, qui vise toujours plus de profit. Car la Terre détient toutes les richesses : ressources agricoles, énergies fossiles… Notre société, avide et dévastatrice, épuise les sols, détruit les forêts, pollue sans scrupule. Elle cause, au nom du profit, des guerres sanglantes et sans fin.
La Terre et ses ressources
La terre est au cœur de la paix, elle est au cœur de la plupart des guerres. C’est dans la nature humaine de toujours avoir une prise de conscience après un crime contre l’humanité. L’exemple de la 2eme guerre mondiale est là, l’exemple de la faune et de la flore est là, l’exemple de la défense des animaux en voie de disparition est là pour le démontrer.
Et aujourd’hui, c’est au tour de la terre de nous montrer qu’elle a subi un crime contre l’humanité. De tous bords s’élèvent des voix pour encore nous faire prendre conscience des paroles des sages d’Amérique, d’Afrique, d’Europe, d’Asie, qui nous ont toujours répété :
« Nous appartenons à la terre, la terre ne nous appartient pas. »
Sans terre, on ne peut pas parler de paix. Les exemples des Êtres de Paix sont là: Gandhi avec la marche du sel et le tissage du coton au rouet, l’exemple de William Penn avec la fondation de la Pennsylvanie, l’exemple de Cheikh Ahmadou Bamba avec la création des Daaras, celui encore de Wangari Maathai avec la Ceinture Verte, et de Muhammad Yunus avec la banque Grameen. Ils ont tous montré que seul le retour à la terre permet une paix durable, une paix pour tous, avec en toile de fond, une économie par les moyens de la paix.
Cependant, c’est grâce à l’eau que la terre assure à toute l’humanité ses besoins. Toute vie est construite à partir de l’eau. Notre planète est composée de 2/3 d’eau et de 1/3 de terre. Notre propre corps est fait de 70% d’eau. L’avenir de notre humanité est entre les mains de ce couple terre / eau.
« Apprenons à connaitre la terre et l’eau. Apprenons à être dans leur conscience. C’est le seul moyen d’arrêter ce crime contre l’humanité à l’endroit de l’eau et de la terre. » Vénéré Maitre Cheikh Aly N’Daw
Imaginons une nouvelle société, où l’homme serait son maître, soumis aux seules lois naturelles, partageant les ressources d’une terre à nouveau capable de nourrir toute l’humanité d’une alimentation saine, car telle est sa vocation.
Il n’est que temps aujourd’hui de retrouver un respect salutaire envers la source de tous nos biens. C’est pourquoi l’Ecole Soufie Internationale, dans sa démarche, propose de repenser la société en termes de société agraire responsable, respectueuse de l’environnement et soucieuse aussi de permettre au paysan d’être un acteur de développement et non un symbole de misère et de sous-développement. Il faut, comme le dit l’agrobiologiste Pierre Gevaert « que chacun redevienne son maître, se responsabilise ».
Agir pour la vie, Retour à la terre
L’action menée par l’Ecole Soufie Internationale au Sénégal dans le village de Pout se veut un modèle du genre : non seulement réhabiliter la culture en vue de la juste répartition des richesses et de la santé, mais aussi en vue de forger une humanité enfin consciente des valeurs qui seules pourront sauver notre génération et celles des temps à venir.
De ce fait, l’École Soufie Internationale a défini un programme intitulé « Agir pour la vie, Retour à la Terre », qui apporte sa vision profonde de la non-violence comme un mode de vie alternatif, accessible à tout être humain. Cette vision se déploie avec la mise en place d’une économie par les moyens de la paix, qui est la 10e étape du Chemin Initiatique de la Paix, et culmine avec le service à l’ensemble de l’humanité selon le modèle prophétique.
Tous les Êtres de Paix ont clairement démontré que tous les problèmes au niveau mondial ne peuvent être résolus que par des moyens non-violents. Gandhi en Inde, Wangari Maathai et Cheikh Ahmadou Bamba en Afrique, William Penn en Pennsylvanie, Muhammad Yunus au Bangladesh, sont tous, consciemment retournés à la terre afin de proposer une alternative aux problèmes de leur société. Dans leurs traces, l’École travaille à reconstruire la relation naturelle qui doit lier l’homme – qu’il soit propriétaire terrien, paysan, producteur ou consommateur à la terre, afin qu’il devienne acteur de solidarité et de partage.
Cependant, une telle vision ne peut être réalisée qu’en développant une nouvelle conscience, qui se traduit par un diagnostic profond de l’état de la société et conduisant ainsi, inévitablement à des réponses créatives et innovantes. Ainsi, à Pout, jour après jour, Cheikh Aly N’Daw s’est efforcé d’éradiquer la relation employeur-employé, de sorte que chaque personne sente qu’il est un acteur, agissant en conscience, en développant d’abord en lui toutes les vertus nécessaires pour une gestion équitable de la terre et de ses avantages.