RÉFLEXIONS SUR L’EXPÉRIENCE DU PROPHÈTE ABRAHAM

RÉFLEXIONS SUR L’EXPÉRIENCE DU PROPHÈTE ABRAHAM

Le Prophète de la méditation

Le Prophète Abraham a non seulement été le Prophète de la méditation, comme le dit Cheikh Ahmadou Bamba dans Massalik-al-Jinaan, mais il a initié l’humanité à la méditation et de même aussi, à travers l’histoire de son fils Ismaël, il va initier l’humanité à l’amour de Dieu. En tant qu’exemple, c’est à partir de cet acte que le Seigneur dira « …vous atteindrez véritablement l’amour quand vous accepterez », Il dit bien « …quand vous accepterez de donner ce que vous chérissez le plus, ce que vous aimez le plus. »

Le Seigneur a toujours fait découvert la connaissance par l’expérience. Et l’exemple du Prophète Abraham est le seul moyen ; ce n’est pas que l’exemple est nécessaire ou indispensable, mais c’est le seul moyen de faire prendre conscience. Durant l’apostolat de tous les Prophètes, c’est ce que le Seigneur va reprendre pour faire prendre conscience à Ses créatures.

Le sacrifice du Prophète Abraham : une histoire d’amour

N’oublions pas que tous les enseignements qui se dégagent de la vie des Prophètes sont des enseignements d’Amour divin et Dieu n’a nullement besoin qu’on sacrifie des humains à son endroit, Lui qui est Le Créateur. Même s’il n’y a pas de sacrifice, ce qui est sûr et certain, c’est qu’un jour nous mourrons de quelque chose, nous retournerons tous à Lui. C’est qu’à travers ces vues, il y a toute une symbolique à découvrir, à rechercher et surtout à intégrer en nous.

Abraham, du fait de sa recherche de l’éternel lance déjà un appel à toutes les créatures dans leur démarche de rechercher Dieu. Différentes voies sont données à l’individu et quand on analyse le problème du sacrifice du Prophète Abraham, on est en mesure de se demander ce qui s’est vraiment passé ? En fait, il s’est posé le problème de la volonté humaine et de la volonté divine en l’individu. Et comment arriver à résoudre ce choc des deux volontés pour laisser régner, asseoir et se manifester en nous la volonté divine ?

Cela est très important parce que l’histoire du Prophète Abraham est une histoire d’Amour. Il aime son Seigneur, il l’a manifesté, il l’a vécu, il l’a démontré par ses voyages, et aussi par le fait même de ne pas adhérer à ces parents et ceux qui adoraient autre que Dieu, jusqu’à ce qu’il devienne l’ami de Dieu. Et il n’est revenu vers son Seigneur que pour Lui demander de lui donner un enfant. Cet enfant représentait tout pour lui car dans ses prières, il ne cessait de parler de progéniture et de descendance.

Amour, détachement et acceptation : de la famille biologique à la famille planétaire  

Abraham s’était attaché à cette notion de descendance et allait ainsi remettre en cause l’amour qu’il avait pour son Seigneur. C’est ce que tout le monde vit aussi. Ainsi se pose le problème des relations entre les parents et leurs enfants. À ce propos Khalil Gibran disait : « Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont fils et filles du désir de Vie en lui-même. Ils viennent par vous mais non de vous, et bien qu’ils soient avec vous, ce n’est pas à vous qu’ils appartiennent. Vous pouvez leur donner votre amour mais non vos pensées, car ils ont leurs propres pensées. »

Ce qui a fait la réussite de cette expérience, c’est que le couple a su bâtir une religion, et le Seigneur le dit bien, « la religion d’Abraham », religion qui se situe dans le pur monothéisme.

Nécessairement l’enfant qui naît de ce substrat viendra confirmer cela à travers ce qui va se passer. Et la question qu’on se pose c’est comment arriver dans un couple ou dans une famille à une telle symbiose ? En prenant le cas de Loth, on constate que sa femme n’a pas adhéré à sa propre conviction. Il en est de même pour le fils de Noé qui n’a pas du tout adhéré à sa propre conviction. Quand on prend le cas de Moïse aussi, son père adoptif n’a pas du tout adhéré à sa propre conviction contrairement à sa mère maternelle et sa mère adoptive.

Donc avec le sacrifice d’Abraham, c’est un véritable problème de société de famille qui se pose. Sur quoi bâtir une pensée à travers laquelle et dans laquelle papa, maman, enfant se retrouveront ? La démarche d’Abraham est très importante dans la mesure où son point de départ c’est la recherche de Dieu.

Qu’est-ce que Dieu ? C’est le mot le plus long du monde et jusqu’à la fin des temps, on ne le finira jamais. Pour certains, c’est Yahvé, pour d’autres c’est Jéhovah, certains parlent de l’esprit universel ou de puissance cosmique, donc tant de mots qui peuvent focaliser notre attention. De ce fait, Nous Lui reconnaissons une certaine puissance et une certaine volonté et à partir de là, nous en faisons un Dieu. Mais Jésus donne une approche d’un divin plus collé à la nature humaine en ce sens que cela pose tout le problème de l’amour quand il dit : « Dieu c’est véritablement ce que nous aimons le plus, c’est ce pourquoi nous laissons tomber tout le reste. Voilà le véritable Dieu. »

Donc, on voit cet élan d’amour supérieur et c’est ce qu’a fait le Prophète Abraham. Dans sa démarche, il est sorti du milieu familial, d’une civilisation pour aller dans le désert à la recherche de son Seigneur pour qui il a eu un amour sans limite pour ensuite vivre un problème familial. De ce fait, le prophète Abraham vient poser le problème de ce que nous aimons véritablement.

C’est à partir de ce que nous aimons que nous bâtissions effectivement notre famille. C’est avant tout notre propre monde imaginaire que nous mettons en place et à travers lequel nous faisons descendre les éléments qui vont permettre sa réalisation. Ainsi on découvre cette autre dimension, c’est-à-dire l’homme en tant que microcosme face au macrocosme. Dans ces événements que nous vivons, il y a une partie lumière qui est le jour et une partie sombre qui correspond à la nuit. Ce qui veut dire que nous n’avons rien reçu de l’extérieur qui puisse nous éclaircir dans notre propre conviction.

Qu’est-ce qu’on a si ce n’est que l’expérience de ce qu’on a vécu précédemment et qui nous sert de monture pour traverser le tunnel. Et dans ce cadre, on voit bien que les gens imitent beaucoup de choses, mais quand il s’agit de vivre cette partie ombragée, ils rebroussent chemin. Ce qui est sûr et certain, c’est courir vers un autre jour, mais la nuit est toujours là et il faut absolument en faire l’expérience pour enfin arriver à l’équilibre de la réalité ultime.

C’est cette réalité ultime que le Prophète Abraham a atteint en montrant à Dieu qu’il place son amour du divin au-dessus de tous les amours : c’est cela la véritable religion.

Il faut toujours saisir le symbolisme, le décortiquer et le placer dans un contexte d’actualité. C’est ce qui permet véritablement de comprendre le caractère éternel des enseignements de ces Prophètes parce que c’est quelque chose d’actualité, et non du passé, bien que situé dans le temps. C’est quelque chose de très évolutif.

L’amour divin : le pont entre la vie et la mort

À travers l’exemple du Prophète Abraham, le Seigneur va permettre aux gens d’accéder à la connaissance de l’amour par l’expérience d’Abraham. À partir de cette expérience, Il donne une réalité à cette connaissance par cette phrase : « Vous atteindrez le véritable amour quand vous accepterez », – donc pas de contrainte – « de donner ce que vous aimez le plus ». L’amour agapè vient en fait établir le pont entre la vie et la mort. Par l’amour, la mort donne un sens à la vie. Mais c’est seulement cet amour agapè qui est en mesure de permettre à la mort de donner un sens à la vie.

C’est ce que Martin Luther King reprend en disant : « Si vous ne trouvez rien dans votre vie qui soit si précieux et si cher que vous soyez prêt à en mourir, vous n’êtes pas apte à vivre ».

Donc on voit bien que le fait de ne point pouvoir accepter, montre notre incapacité à la vie comme le dit Martin Luther King. Cela nous ramène à l’exemple du Prophète Abraham et son acceptation parce que vraiment il n’y a pas d’exemple plus marquant pour toute l’humanité jusqu’à la fin des temps et le Seigneur ne pouvait prendre meilleur exemple pour insuffler à toute l’humanité ce qu’est l’amour de Dieu. C’était l’exemple le plus poignant, l’exemple le plus bouleversant. C’était l’exemple qui montrait cette capacité d’accepter, cette puissance d’offrir qui animait le Prophète Abraham.

Le Seigneur dit bien « quand vous accepterez », donc c’est un choix à faire sur ce qu’on aime vraiment, sur ce qu’on chérit. Qu’est-ce que chacun d’entre nous chérit ?

C’est quelque chose qui va tout droit au très profond de l’être humain pour qu’il se parle à lui-même et dans le secret le plus total avec son Seigneur. Et l’exemple d’Abraham est vraiment celui d’un dialogue secret entre lui et son Seigneur.

Extraits de causeries et conférences de Cheikh Aly N’Daw.

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